Les associations s’inquiètent d’un possible recul pour les droits des personnes en situation de handicap…

La loi Elan, examinée actuellement à l'Assemblée nationale, allège les contraintes pour les constructions de logements accessibles aux personnes handicapées.
Les associations s’inquiètent de l’orientation prise par le gouvernement.
Emmanuel Macron a érigé le handicap comme l’une des priorités de son quinquennat.
Les associations de personnes handicapées ne décolèrent pas. Malgré leur mobilisation depuis mars, l’Assemblée nationale a adopté la semaine dernière un article de la loi Elan prévoyant de rendre seulement 10 % des logements neufs totalement accessibles. Les autres logements construits seront seulement « adaptables », c’est-à-dire accessibles via des travaux. La notion, très floue, doit encore être précisée par décret.

Pour la secrétaire d’État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, « on ne revient pas en arrière ». « Emmanuel Macron s’occupe mal des handicapés, réplique Henri Galy, président du Comité pour le droit au travail des handicapés et l’égalité des droits (CDTHED). Il a voulu faire plaisir au lobby du bâtiment, qui va pouvoir construire plus vite avec moins de normes ».

Pour le responsable d’association, ce recul est d’autant moins compréhensible que la loi avant Elan était déjà assez souple. « On dit que 100 % des logements neufs devaient être accessibles, mais ce n’est pas exact, poursuit Henri Galy. L’obligation ne concernait que les logements construits en rez-de-chaussée et les bâtiments disposant d’un ascenseur. Au final, cela ne représentait que 40 % du total. La loi Elan est un coup dur, mais on ne lâchera pas ».

« Un levier à ceux qui veulent ne pas rendre leurs bâtiments accessibles »
Car un autre rendez-vous se profile à l’horizon : la mise en accessibilité de tous les établissements recevant du public (ERP), comme les écoles, les boulangeries, les stades, les gares, etc. En 2005, une loi avait laissé dix ans aux propriétaires ou exploitants pour réaliser les travaux. En 2014, constatant que le compte n’y était pas, le gouvernement de François Hollande avait décidé d’accorder des délais supplémentaires allant de trois à neuf ans.

Les prochaines années seront donc cruciales pour vérifier que les mises aux normes sont effectives. Or, le vote de la loi Elan risque, selon certaines associations de personnes handicapées, d’envoyer un mauvais signal. « Quand on va arriver à la fin du délai, les propriétaires de bâtiments anciens vont utiliser la loi Elan comme prétexte pour ne pas faire de travaux, en expliquant que cela leur coûte plus cher que dans le neuf, prédit Jean-Louis Garcia (...)

Auteur de l'article original: Nicolas Raffin
Source: 20 Minutes
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 8. Juin 2018
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