L'Etat veut baisser le prix de vente maximum de 250 produits médicaux très utilisés. Colère des prestataires.

Étrangemessage au moment où les pouvoirs publics cherchent à développer les soins ambulatoires. En plein été, le 5 août, le Comité économique des produits de santé (CEPS), organisme interministériel chargé de fixer le prix des médicaments et dispositifs médicaux pris en charge par l'Assurance maladie obligatoire, a publié au « Journal officiel » un avis de projet de fixation de tarifs. Celui-ci prévoit de baisser de 4 à 10 % le prix de 250 produits fournis aux patients par les professionnels du maintien à domicile. On trouve dans cette liste de dix pages matelas anti-escarres, masques contre l'apnée du sommeil, stylos injecteurs, poches d'incontinence... En 2017, cette baisse permettrait 180 MEUR d'économies pour la Sécu. Elle s'imposerait dès le 1er novembre 2016.

Ce « coup de rabot sans précédent » a fait bondir, à leur retour de vacances, les associations de patients ( lire encadré ci-dessous) et la Fédération des prestataires de santé à domicile (PSAD). A leur demande, ils ont rencontré vendredi les ministères de la Santé et de l'Economie. La fin des discussions est reportée à la fin du mois. Interrogé, le ministère de la Santé insiste : « Les patients ne seront pas impactés. » Ces baisses de prix ne toucheront en effet que les entreprises qui utilisent les produits concernés et les facturent ensuite à l'Assurance maladie. « Nous allons être obligés de réduire nos prestations, voire de fournir des matériels low-cost », prévient Emeric Pividori, vice-président du Snadom, Syndicat national des associations d'assistance à domicile.

Une lettre à la ministre

Furieux, les 800 patrons d'associations et d'entreprises du secteur ont adressé, avec leur fédération et leurs syndicats, une lettre à la ministre de la Santé Marisol Touraine pour dénoncer une « baisse de prix totalement inédite par son ampleur et ses conséquences », qui risque « d'asphyxier un secteur qui emploie 60 000 personnes qui s'occupent de 1,6 million de patients ». Les industriels se sont aussi manifestés, plus discrètement.

« Nous sommes d'accord pour faire des efforts, mais en 2016, on devait déjà absorber 27 M€ de baisse. Là, avec la mise en œuvre le 1er novembre, on nous en rajoute 30 M€ et encore 180 M€ en 2017, détaille Emeric Pividori. Aucune structure ne pourra les absorber. Et ce n'est pas nous qui prescrivons les soins, ce sont les médecins ! » Les 800 patrons concernés se disent prêts à des actions de terrain pour « s'opposer avec la dernière énergie à la pire remise en cause de leur métier qu'ils aient jamais connue ».

 

Auteur de l'article original: Daniel Rosenweg
Source: La Parisien Economie
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 5. Septembre 2016
Photo: