Mémoire, quand s’inquiéter ?
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Perte de portefeuille, oubli de clefs, d’emplacement de parking… Il arrive que notre mémoire nous joue des tours. Mais entre petites étourderies et véritables maladies mnésiques, quand réellement s’inquiéter ? Et vers qui se tourner ? Le professeur Francis Eustache de l’Observatoire B2V des mémoires, spécialiste en neurosciences, nous rassure sur ces dysfonctionnements.
Près de 900 000 personnes souffriraient d’Alzheimer et de maladies apparentées, aujourd’hui en France, selon les chiffres de l’Inserm. Elles devraient être 1,3 million en 2020. Si le traitement n’est pas encore connu et que les maladies mnésiques dégénératives inquiètent, pas question néanmoins de céder à la panique. Nos troubles de mémoire ne résultent pas toujours d’une pathologie.
Psychologies : « Je ne fais qu’oublier des rendez-vous et perdre mes clefs, je suis atteint d’Alzheimer », entend-on souvent… Comment faire la différence entre de petites étourderies, de simples oublis et une maladie éventuelle ?
Pr. Francis Eustache : C’est un cliché classique, mais ne nous inquiétons pas dès que l’on a un petit problème de mémoire passager lié à la fatigue. Nos étourderies sont avant tout des problèmes d’attention. Par exemple, vous sortez d’une journée de travail. Vous avez du monde à dîner ce soir et vous n’avez rien prévu. Vous allez donc faire vos courses au supermarché et vous garez votre voiture. En revenant, vous avez oublié où se trouvait celle-ci car vous n’aviez pas pris le temps de dire à votre mémoire quel était votre emplacement de parking. Ce n’est donc pas un problème de mémoire, mais de gestion de tâches multiples. Ce genre de problèmes est récurrent. Beaucoup d’oublis ou d’étourderies résultent du fait que l’information n’est pas enregistrée par les circuits de la mémoire. Cela est encore plus vrai lorsque l’on vieillit, car nos ressources attentionnelles diminuent. Cela ne veut pas dire que notre mémoire est défaillante. (...)