Composées de magnétite, du fer oxydé et aimanté, elles pourraient être impliquées dans des neurodégénérescences.

Déjà mis en cause dans les maladies respiratoires et cardio-vasculaires, la pollution atmosphérique pourrait-elle être également responsable de la survenue et de l'aggravation de troubles neurodégénératifs?

C'est la question que pose une étude de l'équipe dirigée par Barbara A. Maher, de l'université de Lancaster (Royaume-Uni), publiée dans la revue américaine PNAS (Comptes rendus de l'Académie nationale des sciences): les chercheurs ont détecté la présence de nanoparticules de magnétite liées à la pollution atmosphérique dans le cerveau humain. La magnétite est de l'oxyde de fer aimanté.

Depuis près d'une vingtaine d'années, les nanoparticules de magnétite endogène, c'est-à-dire qui se forment naturellement dans le corps humain, sont suspectées d'être neurotoxiques: présentes dans le cerveau, elles pourraient favoriser en particulier l'apparition de radicaux libres, facteurs essentiels du vieillissement prématuré des tissus cérébraux. Par ailleurs, les scientifiques ont établi, dès 2003, qu'elles se trouvent en plus grande quantité chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Logées au cœur même des plaques amyloïdes et des dégénérescences neurofibrillaires, structures typiques de la maladie, elles en augmenteraient la toxicité.

Investigations complémentaires
Dans cette étude, Barbara Maher et ses collaborateurs ont analysé les tissus cérébraux de 37 personnes, de tout âge, ayant vécu à Mexico ou à Manchester, deux villes connues pour leur importante pollution. Si certaines nanoparticules de magnétite trouvées sont manifestement d'origine biologique, les chercheurs se sont rendu compte que la majorité d'entre elles sont de tailles sensiblement plus grandes, plus variées (de 18 à 150 nanomètres), et de forme sphérique. Des caractéristiques qui montrent qu'elles ont été formées à haute température, par exemple lors d'un processus de combustion, ou d'échauffements liés au freinage de véhicules. D'après les auteurs, ces nanoparticules exogènes, liées à la pollution atmosphérique, ont de plus la capacité de passer dans le système nerveux central directement via le bulbe olfactif, siège de la perception des odeurs, qui est en contact direct avec les fosses nasales.

Doit-on d'ores et déjà considérer cette forme de pollution comme un facteur de risque de maladies neurodégénératives? «Attention aux surinterprétations de ces résultats », tempère le Pr Amouyel, directeur de l'unité d'épidémiologie et de santé publique de l'Institut Pasteur de Lille. «Il s'agit de travaux descriptifs, qui montrent uniquement la présence de nombreuses nanoparticules de magnétite provenant de la pollution atmosphérique. (...)

Auteur de l'article original: Martin Tiano
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 26. Septembre 2016
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