Les enfants trop souvent récompensés par de la nourriture risquent de relier alimentation et émotion.

Comme quasiment tous les parents, il m’arrive de récompenser les bonnes actions et les progrès de mes mioches par un cadeau. Parfois, c’est un jouet ou un livre; d’autres fois, une sucrerie suffit à faire leur bonheur (et à me faire faire des économies). Les chercheurs de trois universités britanniques mettent pourtant en garde contre ce genre d’attitude: offrir bonbons, biscuits ou charcuterie à un enfant qui se serait bien conduit, c’est accroître le risque qu’il connaisse des troubles du comportement alimentaire.

Les enfants trop souvent récompensés par de la nourriture auraient en effet tendance à relier alimentation et émotion, et donc à s’empiffrer dès qu’une joie ou une contrariété traverse leur existence. C’est ce qui ressort de l’étude menée conjointement par les universités d’Aston, de Birmingham et de Loughborough sur des enfants âgés de 3 à 5 ans: après deux années passées à recevoir des récompenses de type alimentaire, les sujets étudiés avaient davantage tendance à manger sous l’effet du stress ou de l’émotion. Comme il est rare qu’un enfant de 5-7 ans se fasse une salade lorsqu’il a un creux, c’est à coups de snacks souvent riches en graisses et en sucres que les enfants tentaient de compenser leur anxiété.
Mauvaises habitudes

Claire Farrow, docteure en psychologue à l’université d’Aston, explique qu’en interdisant aux enfants de manger trop de sucreries mais en utilisant celles-ci pour les récompenser ou les consoler les parents en font des aliments hors du commun, liés de très près à l’univers émotionnel de leurs marmots.

Les chercheurs et chercheuses planchent actuellement sur des moyens d’aider les enfants (et donc les futurs adultes) à ne pas manger sous le coup de l’émotion. L’obésité ou le développement de troubles importants du comportement alimentaire pouvant être des conséquences de mauvaises habitudes prises dans les premières années de notre existence, le sujet est effectivement de la plus haute importance...
 

Auteur de l'article original: Thomas Messias
Source: Slate.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 25. Avril 2016
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