Seniors : quand la polymédication fragilise
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En France, 20% des plus de 65 ans prennent plus de 7 médicaments par jour et en continu révèle l’Association 60 millions de consommateurs. Or consommées en excès, ces molécules augmentent le risque de chute et d’accidents graves.
Phénomène de plus en plus fréquent chez les seniors, la polymédication a été analysée auprès de 2 640 pharmacies de villes et campagnes françaises par l’Open Health Company*. Résultats, la consommation dépassant les 7 molécules par jour concerne 2 patients sur 10 chez les plus de 65 ans, apprend-on dans les pages de 60 millions de consommateurs (Octobre 2017, n°530). Et « la majorité d’entre eux prend en moyenne 14 spécialités pharmaceutiques différentes ».
Déjà importantes, ces données ne reflètent qu’une part de la réalité : elles ne regroupent en effet que les polymédications associées à des prescriptions officielles. Et non celles issues de l’automédication, tendance pourtant très courante en France. Autre point, cette polymédication ne s’établit pas seulement sur de courtes périodes. Ces excès de prescription ont en effet été enregistrés sur 3 mois consécutifs, et surviennent surtout dans la prise en charge de maladies chroniques.
Antidiabétiques, antithrombotiques, psychotropes
Mais quelles molécules sont employées en excès ? « Des antidiabétiques, des médicaments contre l’hypertension artérielle, des antithrombotiques (pour prévenir ou traiter la formation de caillots sanguins, notamment dans des pathologies cardiovasculaires) ou des médicaments contre le cancer. » Autres produits concernés, « la classe des psychotropes comme les benzodiazépines et les psychotropes ».
Iatrogénie et hospitalisations
Or la polymédication expose les patients à des effets iatrogènes, du grec iatros qui signifie médecin. Autrement dit à des effets indésirables provoqués par l’association de plusieurs molécules. Cela peut être le cas par exemple avec « le fait d’associer trois diurétiques et deux psychotropes », peut-on lire dans les pages de 60 millions de consommateurs.
Et les conséquences peuvent parfois être dramatiques. « Directement ou non, 20% des visites aux urgences, 5% à 10% des hospitalisations et à 60% à 80% des réadmissions après un séjour à l’hôpital seraient provoquées par des effets indésirables liés à la prise de médicaments » Et au total, selon des données récentes publiées par l’Assurance-maladie, 7 500 décès surviennent chaque année chez les plus de 65 ans à cause d’accidents médicamenteux.
*Société spécialisée dans la collecte et l’analyse de données