Traiter les acouphènes grâce au bruit de l’océan
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Sifflements d’oreilles, bourdonnements, tintements… Près de 16 millions de Français souffriraient d’un acouphène. Et parmi eux, certains vont en présenter une forme sévère à l’origine de troubles du sommeil et de la concentration. Aujourd’hui, de nouvelles solutions sont à la disposition des audioprothésistes pour aider et soulager les patients. Décryptage avec trois professionnels, membres de l’Association française des équipes pluridisciplinaires en acouphénologie.
« De plus en plus de patients consultent pour des problèmes d’acouphènes », explique Stéphane Bardet, audioprothésiste à Aix en Provence (Bouches-du-Rhône). « Certains vont percevoir un bruit de fond léger en permanence jour et nuit et ne se retrouvent jamais dans une situation calme, mais s’en accommodent. Pour d’autres, l’acouphène est si insupportable qu’il pèse lourdement sur leur qualité de vie ».
Un acouphène, c’est la présence d’un bruit qui n’existe pas. « C’est un son continu, aigu, qui dans plus de 90% des cas est associé à une perte d’audition », précise Pierre-Louis Jardel, audioprothésiste à La Malgrange (Meurthe-et-Moselle). « Le principe dans ce cas-là est de corriger l’audition avec des aides auditives. Elles permettent déjà de diminuer la sévérité du trouble. On ne le guérit pas, mais on le masque. Le but étant d’occuper l’oreille ».
Il existe aujourd’hui différents outils. Stéphane Bardet travaille plus particulièrement avec la solution Tinnitus SoundSupportTM d’Oticon. « Toute la stratégie consiste à obliger le cerveau à écouter autre chose que l’acouphène. La difficulté de ces thérapies, c’est la tolérance à ce leurre acoustique. Aujourd’hui la solution d’Oticon propose des sons naturels, imitant le bruit des vagues. Au bout de plusieurs mois de traitement, le patient va finir par oublier son acouphène. A noter que ce système s’adapte parfaitement aux aides auditives. »
Atténuer le bruit parasite
Pour Pierre-Louis Jardel, l’efficacité du système s’explique notamment « par le son de va-et-vient des vagues. C’est très apprécié par nos patients, qui trouvent ce son confortable ». Et les résultats sont extrêmement satisfaisants. « Nous obtenons des taux de 70% de patients qui au bout de 7 à 9 mois ont oublié leur acouphène. Les 30% restants se sentent soulagés », souligne Stéphane Bardet.
Au-delà de la technologie, il peut être intéressant d’orienter les patients vers des professionnels qui sauront leur proposer des techniques de relaxation. « Certains souffrent tellement, qu’ils ne peuvent pas dormir la nuit. Or le stress et la fatigue entretiennent le problème, l’amplifient. Il est donc parfois nécessaire de s’en remettre à la sophrologie afin de diminuer le stress et donc l’impact de l’acouphène sur la qualité de vie », estime Romain Decolin, audioprothésiste à Nancy. (...)