Un anti-épileptique responsable de malformations bientôt sur le banc des accusés?
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Une mère de deux enfants atteints de malformations porte plainte pour "non-signalement d'effets indésirables". Elle a pris pendant ses deux grossesses un médicament pour traiter son épilepsie, le Dépakine.
Nouveau scandale sanitaire en vue? L'histoire de la famille Martin rappelle la sinistre histoire du Distilbène. Les deux enfants du couple souffrent de malformations à la suite de la prise d'un anti-épileptique pendant la grossesse de la mère. Ils ont déposé une plainte contre X ce mercredi pour "non-signalement d'effets indésirables" graves, administration de substance nuisible, atteinte involontaire à l'intégrité de la personne, tromperie aggravée et mise en danger d'autrui.
Salomé, née en 1999, souffre présente un spina bifida occulta, un défaut de fermeture du système nerveux au niveau de la colonne vertébrale, tout comme son petit frère Nathan, né trois ans plus tard. Le petit garçon souffre aussi de malformation de la verge, de troubles du spectre autistique et de l'attention et de difficultés pour s'exprimer et écrire.
Leur mère, Marine, souffre d'épilepsie depuis ses 6 ans. Lorsqu'elle est tombée enceinte, elle a continué à recevoir le médicament Dépakine du laboratoire Sanofi, sans aucune mise en garde des médecins. Pourtant, la littérature médicale s'alarme depuis les années 80 des risques sur le foetus entraînés par le valproate de sodium, une molécule aussi utilisée dans le traitement des troubles bipolaires.
"135 000 femmes en âge de procréer sous Dépakine"
"Il aura fallu attendre 35 ans pour que l'Agence européenne des médicaments (EMA) recommande clairement de renforcer les mises en gardes contre ce médicaments", s'indigne Maître Charles Joseph-Oudin, l'avocat des familles contacté par L'Express.
Dans une lettre datée de décembre 2014 et destinée aux professionnels de santé, l'Agence nationale de sécurité du médicament souligne que "les enfants exposés in utero au valproate présentent un risque élevé de troubles graves du développement (jusqu'à 30 à 40 % des cas) et/ou de malformations congénitales (environ 10 % des cas)"
"Aujourd'hui, 135 000 femmes en âge de procréer sont sous Dépakine", affirme l'avocat qui traite actuellement une vingtaine de dossiers similaires à celui de la famille Martin. Cinq ou six nouvelles plaintes seront déposées dans les jours ou semaines à venir. (...)