Le groupe Nouvelle Gauche propose un nouveau texte législatif pour que le syndrome d’épuisement professionnel soit reconnu plus vite et mieux pris en charge.

De Galien, médecin grec, témoin de l’effroyable mortalité des travailleurs des mines de cuivre de Chypre, à nos jours, la santé au travail a deux mille ans d’histoire, un chemin pavé de luttes, bien sûr, de négociations, de compromis, de grandes lois de la République, mais aussi de progrès économiques et sociaux.

Selon une étude du cabinet Technologia, réalisée en 2014, trois millions d’actifs seraient en risque élevé d’épuisement professionnel, autrement dit de «burn-out».

Le syndrome d’épuisement professionnel touche les personnels de santé mais aussi les forces de sécurité : les mobilisations récentes dans la police nationale, les prisons, les Ehpad ou les hôpitaux publics en sont la démonstration. Il touche indistinctement les ouvriers, les cadres, les agriculteurs, les médecins, les enseignants, les dirigeants de PME, les artisans, les employés.

Les facteurs de risque du burn-out sont connus et identifiés dans de nombreux rapports : certains modes de management et d’organisation du travail, la pression, la mise en concurrence des salariés, l’isolement, la surcharge de travail, le manque de reconnaissance professionnelle…

Le refus des organisations patronales de faire face à cette réalité,et celui de la majorité de La République en marche (LREM) de laisser prospérer le débat sur la proposition de loi des députés de La France insoumise sur ce sujet,décrivent le front du refus, le choix de l’épuisement des femmes et des hommes au nom d’une vision éculée du développement économique et de l’entreprise.

Alors que cette proposition de loi prévoyait l’inscription dans la loi d’un nouveau tableau de maladies professionnelles, très difficile à faire aboutir dans l’immédiat car nécessitant un accord entre partenaires sociaux, le groupe Nouvelle Gauche propose un chemin pragmatique, consistant à modifier la procédure de reconnaissance complémentaire, hors tableau.

Les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles demandent, en effet, au salarié d’avoir un taux d’incapacité partielle permanente (IPP) de 25 %, ce qui est considérable. Les comités régionaux acceptent 600 dossiers par an en France alors que plusieurs milliers de cas sont diagnostiqués en Belgique ! Du coup, quelque 10 000 cas de burn-out sont reconnus, de façon détournée, comme «accidents du travail». Ces arrêts maladie classiques sont pris en charge par l’assurance maladie financée par tous, alors qu’ils devraient être indemnisés par la branche accidents du travail - maladies professionnelles (AT - MP), financée par les cotisations des employeurs. (...)

Auteur de l'article original: Régis Juanico
Source: Liberation.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Vendredi, 9. Février 2018
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