Le personnel des 7 000 établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes est appelé à la grève, le 30 janvier, pour contester une réforme du financement. La ministre réplique.

La pression remonte dans les maisons de retraite. Quatre jours avant la journée nationale de grève dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, se rend ce vendredi matin dans les Yvelines. Elle y rencontrera des membres du personnel et tentera d'apaiser les inquiétudes avant de présenter un plan d'actions pour les Ehpad en difficulté. Plan que la ministre dévoile en avant-première dans nos colonnes et qui prévoit plusieurs mesures, dont une rallonge de 50 millions d'euros cette année et la mise en place fin 2018 d'une enquête de satisfaction systématique et annuelle auprès des résidents.

Mais il n'est pas certain que ce plan suffise à apaiser les crispations, tant le malaise est ancien et profond avec des conditions de travail des 400 000 salariés, et d'accueil des 600 000 résidents (secteurs public et privé confondus), qui se sont souvent dégradées.

L'entrée en application en 2017 d'une réforme du financement des Ehpad qui fait sentir ses effets cette année est la goutte de trop. Selon la CGT, elle a déjà suscité 120 grèves l'an dernier.

Mobilisation générale
Qualifié d'inédit par les syndicats, un mouvement unitaire regroupant CGT, FO, CFDT, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD, mais aussi la Coordination nationale infirmière, l'AD-PA, association de directeurs, et des associations de retraités, appelle à une « grande mobilisation » mardi 30 janvier afin d'obtenir l'abrogation de cette réforme. Des manifestations sont prévues à Paris devant le ministère de la Santé (à 14 heures) et devant les agences régionales de santé en province.

Votée en 2015, cette réforme contestée vise à faire converger d'ici à 2023 les dotations du secteur public et du secteur privé vers une tarification unique prenant en compte le profil des résidents accueillis. Plus ils sont dépendants et ont besoin de soins, plus l'établissement est rémunéré. Mille Ehpad devraient y laisser des plumes, « 200 millions d'euros », selon la Fédération hospitalière de France (FHF). Mais, en contrepartie, les moyens des 6 000 autres vont augmenter.

Cette réforme n'a d'ailleurs pas que des opposants. Le Synerpa, syndicat patronal représentant 1 800 Ehpad, est « satisfait de ce rééquilibrage, le secteur privé étant jusque-là pénalisé ». Sa déléguée générale, Florence Arnaiz-Maumé, juge néanmoins les dotations « insuffisantes face aux besoins », mais, insiste-t-elle, « il faut aussi saluer la création par Agnès Buzyn de 2 000 postes d'infirmières de nuit ».

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Auteur de l'article original: Daniel Rosenweg
Source: Le Parisien
Date de publication (dans la source mentionnée): Dimanche, 28. Janvier 2018
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