Vous écrivez prauget ou projait au lieu de projet? Vous êtes victime d'amnésie lexicale
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Parfois, l'orthographe de mots que vous connaissez vous paraît venir d'une autre planète. Vous n'êtes pas seul. Et il y a des explications.
Dans le film de 1996 Black Sheep (que je ne recommande à personne), au bout d’une heure et sept minutes, le personnage interprété par David Spade se trouve soudainement incapable de trouver un mot. Assis à la place du passager d’une voiture conduite par le personnage joué par Chris Farley, il consulte une carte et se rend compte d’un seul coup qu’il ne connaît plus le mot qui désigne la surface goudronnée sur laquelle ils sont en train de rouler. «Robes? Rouges?» Rien ne semble convenir. Et même lorsque Farley l’informe que le mot qu’il recherche est route, Spade continue à lutter: «Route. Re-oute.» Il n’en revient pas: «C’est quand même un mot bizarre, tu ne trouves pas?»
Il est sans doute nécessaire de mentionner que, dans le contexte du film, le personnage de Spade est complètement shooté au protoxyde d’azote qui s’échappe des injecteurs de la voiture. Mais qu’importe, les mots de ce type qui vous échappent soudainement comme dans ce film, cela arrive dans la vraie vie, et même à des gens qui sont en pleine possession de leurs facultés mentales. Ce type d’amnésie lexicale surgit à l’improviste, lors de l’écriture ou de la lecture d’un texte.
Assemblage de lettres
Cela fonctionne de la manière suivante: de temps à autre, sans raison apparente, vous bloquez d’un seul coup sur l’orthographe d’un mot anodin. Par exemple, alors que vous êtes en train de taper un texte, vous vous retrouvez tout à coup incapable de vous souvenir de l’orthographe correcte d’un mot aussi simple que gâteau ou oignon. Cela peut également arriver alors que vous êtes en train de lire et que, d’un seul coup, un mot courant et correctement orthographié vous semble étrange, mal écrit, un assemblage de lettres que, parfois, vous ne pourriez même imaginer être correct pour former ce mot.
Par exemple, l’autre jour, j’étais en train d’écrire un e-mail à un ami dans lequel je devais utiliser le mot projet. Pas de problème, n’est-ce pas? Personnellement, je pense que j’ai déjà dû écrire ce mot des milliers de fois au cours de ma vie. Peut-être même des dizaines de milliers de fois. C’est un mot qui n’a rien de rare et je vous promets que je sais parfaitement comment l’écrire. Et pourtant, j’étais là, complètement bloqué.
Proget me semblait ridicule. Progé? Non, ce n’était pas ça. Prauget, peut-être? Chaque nouvel essai me semblait plus incongru. Et, bien entendu, je réalise aujourd’hui à quel point j’étais loin du compte à chaque fois. (...)