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La monographie de Freud sur les aphasies, parue en 1891, peut être considérée comme un ouvrage prépsychanalytique. Plusieurs concepts appartenant au vocabulaire analytique (transfert, projection, régression, représentation de mot et d’objet, etc.) s’y trouvent consignés, mais dans un contexte neurophysiologique. De plus, Freud y annonce sa préférence pour une saisie fonctionnelle et génétique des symptômes morbides, par l’approche dynamique qu’il en fait.
Sans aucun doute, c’est sa conception du langage qui fait l’objet d’un exposé original, bien qu’elle reste inscrite dans la tradition du XIXe siècle en raison des fondements biologiques qui lui sont donnés.
Au moyen d’une critique des explications des troubles du langage s’inspirant de la théorie de la localisation, Freud, par un recours à l’école associationniste, annonce la transmutation qu’il fera subir ultérieurement à la fonction du langage dans la théorie psychanalytique. Celle-ci ne peut être comprise qu’en découvrant la continuité liant l’étude sur l’aphasie à l’Esquisse d’une psychologie scientifique (1895) et jusqu’à l’Abrégé de psychanalyse (1938). Des notions aussi centrales que appareil psychique et représentation de mot trouvent dès lors un éclairage nouveau à la lecture de cette étude, qui, loin de confirmer la séparation — réclamée par Freud lui-même —, entre des discours neuro-anatomique ou neurophysiologique et une théorie psychanalytique, relance la question de leurs rapports intriqués.

source : PUF

Type: Livre
Editeur: PUF
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