Marion s’est suicidée le 13 février 2013 en se pendant à un foulard dans sa chambre. Elle avait treize ans. Elle était victime de harcèlement scolaire. Nora Fraisse, sa mère, publie «Marion, 13 ans pour toujours» (Calmann-Lévy). Elle nous raconte ce qui l’aide à tenir debout.

«Comment donner du sens à ce qui n’en a pas? Comment accepter de continuer à vivre? Nous pensions que nous n’allions jamais nous en remettre. Tout a volé en éclat. La famille a été brisée. Pourquoi Marion ne nous a-t-elle rien dit ? Qu’est-ce qu’on a loupé ? On se sent coupable de ne pas l’avoir mieux protégée,  bien sûr. Cette culpabilité, je sais que nous la garderons jusqu’à la fin de nos jours. Mais Marion avait soigneusement cloisonné, comme toutes les victimes de harcèlement qui se sentent toujours coupables. Culpabilisées. Elle se disent qu’elles ont peut-être mérité ce qui leur arrive.  Nous aussi, la famille, on nous a culpabilisés. Quand l’école dit «Ça vient de la famille», c’est terrible. C’est comme si vous aviez le ventre ouvert et qu’on vous jetait du sel à l’intérieur. Perdre un enfant comme ça, ça fait aussi perdre l’estime de soi et c’est difficile à reconstruire. Je n’ai pas réussi à la sauver.

On a envie d’être remplis de Marion, que les gens la connaissent, sachent ce qui s’est passé, que la parole se libère.  Notre fille n’est pas qu’un fait divers. Presque 1,3 millions d’élèves en France sont victimes de harcèlement chaque année. Vous vous rendez compte, ça fait autant que le nombre de personnes qui ont marché dans Paris le 11 janvier pour défendre la liberté d’expression. Cette masse immense de gens... C’est choquant, ça fait peur. Quand un enfant met fin à ses jours comme Marion pour cause de harcèlement, on ne le sait pas. On n’en parle pas. Il n’y a pas de statistiques. 1,3 millions d’enfants souffrent à l’école et la dernière campagne contre le harcèlement date de novembre 2013.

Je ne veux pas tomber dans le pathos. Je suis une hyper active, il faut que je sois dans l’action. Je veux me battre. C’est pour ça que nous avons créé avec mon mari l’association Marion la Main Tendue, tant attendue. Pour faire entendre la voix de Marion et de tous les enfants. Si cela pouvait sauver d’autres vies...

Ce combat m’aide à donner du sens à ma vie. C’est aussi un acte militant pour moi. Et je ne peux le mener que parce que j’ai un mari qui me soutient (...)

Auteur de l'article original: Rédaction
Source: Femme Actuelle
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 2. Février 2015
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