VIDÉO. Au CHU de Nice, regardez une opération à crâne ouvert #2
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À l'occasion du forum Neuroplanète - à Nice les 6 et 7 novembre -, nous avons filmé une opération de "chirurgie éveillée" du cerveau. Impressionnant.
Cette opération chirurgicale est pratiquée en France depuis quinze ans, mais elle reste toujours aussi spectaculaire. Dans les cas notamment de tumeur cérébrale, appelée gliome, les patients sont réveillés au cours de la procédure, alors qu'ils sont encore sur la table d'opération. C'est la chirurgie éveillée. « Ce type de tumeur est particulier, car il infiltre le cerveau, explique Fabien Almairac, chef de clinique en neurochirurgie au Centre hospitalier universitaire de Nice. La tumeur transforme le cerveau, elle prend finalement sa place, et il devient donc très difficile de l'enlever sans faire de dégâts sur les fonctions essentielles du cerveau tels que le langage, la motricité ou la mémoire de travail. »
Devant une telle complexité, le plus simple est donc de demander au malade, éveillé, les zones de son cerveau qu'il ne faut pas toucher. Fabien Almairac et toute son équipe de neurochirurgie anesthésient d'abord de façon locale la partie du cerveau à inciser, pour ne pas endormir complètement le patient. Puis ils administrent de petites décharges électriques, sur les zones entourant la tumeur visible à l'œil nu. De son côté, le patient participe pleinement à l'opération, en « répondant » aux décharges électriques. Les tests qu'il réalise avec une orthophoniste sont destinés à déterminer si les zones sollicitées sont les fonctions essentielles (langage, motricité, etc.) ou s'il s'agit d'un morceau de tumeur à enlever.
« Chaque cerveau est différent »
Afin de préciser encore davantage l'exérèse - action de retirer la tumeur -, les chirurgiens niçois utilisent un outil de neuronavigation, une sorte de GPS médical inventé il y a une vingtaine d'années, et relié à des images d'IRM réalisées la veille de l'opération. « Mais lorsqu'on enlève petit à petit la tumeur, l'image du cerveau change, précise Fabien Almairac. La neuronavigation n'est donc pas plus efficace, et nous utilisons alors l'échographie. » Chaque patient et son cerveau étant différents, ces outils sont indispensables pour cartographier le cortex cérébral.
« La chirurgie éveillée nous permet de progresser considérablement dans la compréhension du cerveau, ajoute Fabien Almairac. Elle a permis aux équipes de Montpellier par exemple de localiser les zones liées au langage. » La marge de progression est donc grande pour les neurochirurgiens de Nice. D'autant qu'il reste encore un cap important à franchir : celui des cellules tumorales encore présentes dans le cerveau après opération. (...)