Des patchs à la nicotine pour traiter le Parkinson
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Et si pour traiter les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, on utilisait la nicotine ? L'idée peut surprendre tant les méfaits du tabac sont connus. Il s'agit pourtant d'une nouvelle piste qui s'annonce prometteuse. Le point avec le Dr Gabriel Villafane, neurologue à l'hôpital Henri Mondor de Créteil.
"Déjà dans les années 1920, il y a donc presque un siècle, des scientifiques avaient déjà constaté que le système nerveux des personnes âgées fumeuses était moins endommagé que celui des non-fumeurs", raconte Gabriel Villafane. Par ailleurs, l'incidence de la maladie de Parkinson est très faible chez les fumeurs. Fort de ces observations et impuissant face à la progression de la maladie chez ses patients, le Dr Gabriel Villafane décide d'orienter ses recherches sur les effets de la nicotine sur le système nerveux. Tout d'abord, dans les années 1990, sur des souris atteintes de la maladie de Parkinson. Puis, en 2000, un premier patient est traité.
Des effets parfois spectaculaires
Alors bien sûr, l'idée n'est pas de pousser les malades à fumer. "Ce qui est dangereux dans la cigarette, ce sont les goudrons et les substances toxiques qui sont ajoutées, pas la nicotine en elle-même. Nous utilisons donc des patchs de nicotine pure, assez semblables à ceux utilisés pour le sevrage tabagique, qui sont collés au niveau de la colonne vertébrale, dans le bas du dos", explique le médecin. Depuis, deux essais cliniques ont été menés, regroupant au total une quarantaine de patients.
Résultats : "70 % des patients ont vu leur état s'améliorer. Au pire, la progression de la maladie est seulement stoppée. C'est déjà beaucoup, en particulier si le traitement est pris dans les phases précoces de la maladie. Et dans tous les cas, la quantité de médicaments anti-parkinsonniens prescrits en complément diminue", détaille le dr Gabriel Villafane.
La nicotine pure n'est pas toxique
Un succès qui se traduit très vite par un afflux de patients à l'hôpital Henri Mondor. Pour y faire face, l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris a autorisé en 2004 un protocole compassionnel : ceux qui en bénéficient sont suivis et traités mais en dehors d'essais cliniques. De ce fait, ils doivent payer leur traitement. Malheureusement, regrette le spécialiste, "l'utilisation de nicotine reste politiquement incorrecte et les firmes pharmaceutiques ainsi que certains neurologues voient d'un mauvais œil l'arrivée d'un traitement moins onéreux et donc moins rentable pour eux". Mais la recherche avance, avec des travaux également menés aux États-Unis et en Allemagne par d'autres équipes. D'ici quelques années, le Dr Villafane espère que la nicotine pure transdermique sera à la disposition de tous les malades qui pourraient en tirer bénéfice.
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