Pourquoi le bâillement est-il contagieux ?
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C’est bien connu, voir votre voisin bâiller vous donne subitement envie de faire la même chose. Est-ce un phénomène de mimétisme ou de véritable contagion ? Les réponses avec le médecin généraliste Oliver Walusinski, spécialiste du bâillement qui a écrit le tout premier ouvrage scientifique sur le sujet*.
Pour comprendre le phénomène de contagion du bâillement, il faut revenir à son origine. Bâiller est universel chez tous les vertébrés. Les poissons, les oiseaux, les reptiles et les amphibiens bâillent ! En effet, dans le cerveau reptilien, bâiller régule la veille, le sommeil et la faim.
Le bâillement associé aux émotions est présent uniquement chez les mammifères, plus précisément au niveau du système limbique. Pour cette raison, l'anxiété et le stress peuvent provoquer l'envie de bâiller. "Avant de monter sur scène, les acteurs éprouvent souvent le besoin de bâiller pour éliminer le stress", précise le Dr Olivier Walusinski. "Le bâillement survient alors indépendamment de l'état de fatigue".
"Un bon bâilleur en fait bâiller sept"
"Pour l'homme, il suffit juste de voir, d'entendre ou même d'évoquer le bâillement pour que l'envie vous vienne", ajoute le spécialiste. "Ce n'est pas un phénomène d'imitation car c'est involontaire". Le neurologue Charcot appelait ce mécanisme échokinesis, un mouvement en écho. La femelle bonobo, elle, provoque beaucoup de bâillements du fait de son statut hiérarchique important. Pour l'homme c'est différent, c'est l'empathie qui va avoir un rôle dans la contagion du bâillement.
Le cerveau active des neurones particuliers appelés "neurones miroirs". Ils interviennent lorsqu'on réalise une action ou lorsqu'on voit quelqu'un en réaliser une. Ce sont des neurones émotionnels qui n'ont rien à voir avec les neurones de la motricité.
"Appelée théorie de l'esprit par les anglais, seule la capacité de se mettre à la place de l'autre peut provoquer l'envie de bâiller", indique le spécialiste. Mais les gens sont plus ou moins réceptifs à cette contagion. "Seules 75% des personnes y sont sensibles" et répondent au fameux dicton populaire qui affirme qu'un "bon bâilleur fait bâiller sept fois". C'est lors de la vie foetale, explique le Dr Walusinski, particulièrement entre la 28e et la 32e semaine, que nous bâillons le plus. "Environ 150 fois par jour ! Plus on grandit, moins on bâille". Un bébé par exemple est insensible au bâillement contagieux car il n’est pas encore empathique. "Entre 3 et 5 ans, la théorie de l’esprit se met en place, cette capacité à comprendre ce que l’autre peut ressentir", conclut le médecin.