INTERVIEW - Il est important de créer les conditions d’un départ paisibles pour les personnes en fin de vie, selon Christophe Fauré, psychiatre, psychothérapeute et spécialiste du deuil et des soins palliatifs.

LE FIGARO. - Selon vous, si celle-ci est possible, qu’est-ce qu’une fin de vie apaisée?

Christophe FAURÉ. - Je parlerais d’une mort la plus apaisée «possible» compte tenu des moyens qui sont les nôtres. Cela, c’est l’objectif premier des soins palliatifs, qui sont avant tout, rappelons-le, des soins. Sans contrôle de la douleur, de la physiologie, cette mort douce est impossible. Et si la personne en fin de vie a des problèmes respiratoires, la dimension psychologique ne peut que passer au second plan. C’est en ce sens que l’approche palliative a amené des progrès immenses. Mais il reste une grande marge encore à accomplir pour que les personnes et leurs familles intègrent ce service qui leur revient, notamment depuis la loi Leonetti, de plein droit. Tout est là, le réseau national, les équipes mobiles, les protocoles… Tout est en place, mais la peur est encore un frein au développement des soins palliatifs.

Quelles sont les peurs empêchant un tel développement?
Celle des médecins d’abord, qui ont encore beaucoup de mal à comprendre le contrôle de la douleur et ce passage délicat du traitement curatif au traitement palliatif. Parfois, dans certaines situations, leur réflexion doit se porter sur «faut-il fuir la réalité ou l’accueillir au mieux?». Autre peur, celle des proches, qui répètent à tous: «Il ne faut pas baisser les bras!» et diffusent ainsi un déni massif.

Comment faire pour que cet environnement soit le plus aidant possible?
Si chacun (équipes de soins palliatifs, médecins et famille) respecte la place de chacun, des informations précieuses pour le malade peuvent être échangées, rendant alors possible son confort et son mieux-être. Une maman qui connaît les habitudes de son enfant, une épouse qui comprend ce qui se passe pour son compagnon pourra, si un changement de comportement inexpliqué se manifeste chez le malade, alerter les équipes. Le milieu médical peut de son côté apprendre à dire «je ne sais pas» quand c’est le cas. Si chacun fait 50 % du chemin, alors l’environnement sera vraiment perçu comme un socle de confiance pour celui qui s’en va.

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Auteur de l'article original: Pascale Senk
Source: Le Figaro.fr
Date de publication (dans la source mentionnée): Lundi, 28. Novembre 2016
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