La passion sourde, ou quand le handicap invente sa propre culture
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Le monde des sourds n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Si certains sourds veulent entendre comme tout le monde, d'autres le refusent. Le rejet des avancées technologiques met-il en péril leur intégration dans la société? Les enjeux sont immenses et leur chemin, semé d'embuches.
Les spécialistes du monde des sourds l'espèrent, dans un futur proche grâce aux avancées médicales et aux progrès en recherche génétique, la surdité ne sera plus. Seulement, cette révolution n'est pas du goût de tous.
Certains sourds restent très attachés à l'univers sourd et craignent de le voir disparaître. La surdité est le seul handicap qui a donné naissance à une langue et donc une culture. Ils s'opposent aux modifications technologiques comme les implants cochléaires, ces prothèses d'oreilles qui stimulent électriquement et permet l'audition.
"Non à l'implant cochléaire, non au génocide ethnique"
"Ces personnes vivent mal l'intégration des sourds dans le milieu entendant", confirme Benoît Virole, docteur en psychopathologie et sciences du langage. La pose d'implants chez les jeunes enfants a provoqué des réactions certes minoritaires mais violentes. Ces jeunes sont parfois rejetés par les sourds non implantés qui ne les considèrent plus comme de "vrais sourds".
Un couple raconte à L'Express avoir eu peur que leur enfant ne soit pas accepté par la communauté à cause de ses implants. A l'hôpital Necker ils ont demandé un interprète entendant et non sourd pour éviter que la nouvelle de son implantation ne se propage. Martial Franzoni, directeur du CEOP (Centre Expérimental Orthophonique et Pédagogique) à Paris, se rappelle: "Il y a 20 ans je me suis retrouvé un matin à 8h à enlever, avec une éponge et de l'eau, des affiches disant : NON à l'implant cochléaire - NON au génocide ethnique".
"9 enfants sourds profond sur 10 sont implantés"
L'Express a rencontré Fred Roura, professeur de langue des signes à l'association Aris spécialisée dans l'intégration, qui est aussi un sourd profond: "Pour les sourds c'est un handicap invisible et les gens ne se rendent pas compte ce qu'est la vie d'un sourd. Il faut évacuer cette option de réparation (médicale), nous avons notre langue, notre culture et nous avons envie de prôner cette culture".
Aujourd'hui cette position reste marginale et ne correspond plus à la réalité : "9 enfants sourds profond sur 10 sont implantés" nous dit M. Fréderic Brossier de l'Institut National des Jeunes Sourds. Ainsi plus de 90% des parents, même sourds, veulent que leurs enfants soient implantés. Selon Benoit Virole, "Avec l'implant, on donne toutes ses chances à l'enfant d'avoir une bonne intégration".
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