Excellence : à 6 ans, les filles se sous-estiment déjà
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L’excellence et la réussite sont largement liées, dans l’imaginaire collectif, au sexe masculin. La société étant essentiellement dirigée par des hommes. Et l’égalité des sexes étant encore loin d’être acquise, malgré les nombreuses avancées du XXe siècle. Alors, à partir de quel âge les femmes, et même les petites filles, ne se sentent-elles plus à la hauteur ? Le constat de chercheurs américains est attristant.
« Notre société a tendance à associer l’excellence et la réussite aux hommes plutôt qu’aux femmes », souligne Lin Bian, doctorante de la University of Illinois (Chicago), une des co-auteures de ce travail. « Par conséquent, elles sont naturellement éloignées des emplois perçus comme nécessitant du talent. » En effet, les femmes elles-mêmes ont tendance à ne pas se tourner vers ces métiers. Ce constat a motivé les chercheurs à se pencher sur l’origine de ce comportement.
Des stéréotypes précoces
Les scientifiques ont donc mené une série de tests chez des enfants âgés de 5 à 7 ans. Au cours du premier exercice, les enfants ont entendu une histoire sur une personne « très, très intelligente ». Ensuite, les chercheurs leur ont demandé de deviner – parmi 4 inconnus (2 hommes, 2 femmes) – de quel personnage il était question dans le conte. Résultat, à 5 ans, garçons et filles avaient une vision positive de leur propre sexe, estimant que la personne intelligente pouvait aussi être une femme. En revanche, dès 6 ans, les filles se sont révélées moins enclines à estimer les femmes capables d’excellence.
Autre exercice, les scientifiques ont demandé aux enfants de choisir parmi plusieurs jeux. Certains clairement destinés à des enfants intelligents. A 5 ans, garçons et filles montraient le même intérêt pour ces jeux. Dès l’âge de 6 ans, l’intérêt des filles chute significativement.
« Nous avions déjà observé que les femmes adultes avaient moins tendance à mener des études supérieures dans des domaines considérés comme nécessitant une forme d’excellence », soulignent les auteurs. « Ces nouveaux résultats montrent que les stéréotypes impactent les choix des filles dès un très jeune âge. »