"Ecrire sur mon cancer, c'était l'accepter plutôt que le subir"
- 652 lectures
"Ecrire sur mon cancer, c'était l'accepter plutôt que le subir"
Marie-Dominique Arrighi, journaliste à Libération et décédée en 2010, était une pionnière des blogs sur le cancer avec "K, histoires de crabe" [le crabe faisant référence au cancer]. Son "journal d'une aventure cancérologique" est à l'origine d'une communauté d'internautes qui lui a largement rendu hommage en ligne (et hors-ligne) lors de sa mort, preuve du lien très fort qui l'unissait à ses lecteurs.
"Ses mots avaient un impact sur mes maux"
Comment expliquer ce sentiment? Pour Marie, fidèle lectrice de "Fuck my cancer" également atteinte d'un cancer du sein, "les mots de Manuela avaient un impact sur [ses] maux": "Elle m'a beaucoup touchée et j'admire la force avec laquelle elle a mené cette guerre." Arrivée sur le blog alors qu'elle cherchait des informations après son diagnostic, Marie y a trouvé "une bulle d'humour", "un blog au second degré qui n'était pas dans le mélodrame" [Manuela compare notamment les séances de chimiothérapie à un séjour all inclusive], chose qu'en tant que combattante, elle apprécie.
Marie affirme avoir trouvé du réconfort dans ces écrits: "Dans ces moments difficiles, on a besoin de gens qui nous comprennent et qui ne se contentent pas de balancer des coeurs, des bisous et des petites licornes arc-en-ciel, raconte-t-elle. La réalité de cette maladie est dure, les amis disparaissent, se lassent, ne comprennent pas." Mais si la jeune femme est convaincue du soutien qu'apporte la blogueuse à son lectorat, elle doute que l'inverse soit vrai.
"Accepter plutôt que subir"
"Faux", dit Frédéric, auteur du blog "Il va falloir se battre, monsieur...". Cet informaticien, qui a appris en 2013 qu'il était atteint d'un cancer du colon "métastasé de partout", écrivait son parcours pour lui-même avant que son épouse ne l'incite à ouvrir un blog. Les premiers retours sont très positifs: "Tout le monde admirait ma démarche et me soutenaient à 100%", raconte-il aujourd'hui. Frédéric échange régulièrement avec les lecteurs -souvent également malades- et d'autres blogueurs. "Certains sont même devenus de vrais compagnons de route, on se soutient mutuellement."
Au départ, sa démarche avait pourtant un objectif complètement différent: "Au bout d'une année d'examens, d'opérations, de traitements, je sentais qu'il fallait mettre tout ça par écrit. Je craignais de tout mélanger, voire d'oublier ce que j'avais traversé." Finalement, Frédéric en tire beaucoup plus. Il prend de la distance par rapport à la gravité de la situation médicale, parvient à dépasser son état de santé pour "prendre de la hauteur et accepter le cancer plutôt que de le subir"(...)