Et si Parkinson venait du ventre ?
- 946 lectures
Une étude suédoise montre que la section du nerf vague qui innerve l’intestin décroît le risque de maladie de Parkinson. Un argument de plus pour la théorie de l’origine intestinale de la maladie.
La maladie de Parkinson (maladie neurodégénérative qui entraîne des troubles moteurs mais aussi cognitifs, du sommeil, de l'humeur) pourrait débuter dans l'intestin et se disséminer dans le cerveau via le nerf vague (reliant l'encéphale et le système digestif), selon une nouvelle étude de l'Institut Karolinska de Stockholm (Suède) publiée dans Neurology. L'étude montre, en effet, que des patients ayant subi une résection (retrait chirurgical) importante du nerf vague ont moins de risque de développer la maladie.
Le nerf vague (ou nerf pneumogastrique) part de la tête et se termine en de nombreux filets nerveux distribués au foie, à l'estomac et à l'ensemble des viscères de l'abdomen. Parfois, exceptionnellement, on est amené à le retirer chirurgicalement (vagotomie), notamment pour traiter l'ulcère gastroduodénal. Car c'est, en effet, la terminaison gastrique du nerf vague qui provoque la sécrétion d'acide gastrique, nocive dans l'ulcère. La vagotomie peut être " tronculaire ", en sectionnant les deux troncs droit et gauche du nerf à l'entrée dans l'abdomen, pour supprimer l'acidité gastrique ou " sélective ", en ne sectionnant que les branches arrivant à l'estomac.
L'étude de l'Institut Karolinska, à Stockholm en Suède, s'est intéressée aux suites de cette intervention, analysant les registres nationaux sur une période de 40 ans. L'équipe de chercheurs a comparé le devenir de 9430 patients ayant subi une vagotomie à 377 200 personnes de la population générale. Résultats : 1,07% des patients avec vagotomie ont développé une maladie de Parkinson, contre 1,28% dans la population générale. Aucune différence significative!
Mais lorsque l’on distingue les deux types de vagotomie, tronculaire ou sélective, surprise! Le nombre des patients atteints de Parkinson tombe à 0,78% dans le cas de la vagotomie tronculaire, c’est-à-dire la plus complète. Après ajustements statistiques, en fonction d’autres facteurs de santé, les chercheurs ont établi que les gens ayant subi une vagotomie tronculaire avaient 40% moins de risque de développer une maladie de Parkinson que ceux qui n'avaient rien subi. À ceci près qu'ils devaient l'avoir fait au moins cinq ans avant le diagnostic. “Ces résultats fournissent une preuve préliminaire que la maladie de Parkinson pourrait commencer dans l’intestin, assure Bojing Liu, co-auteur de l’étude.
(...)