Surexposés aux écrans, les enfants deviennent-ils autistes ?
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L’envahissement de notre environnement par les écrans est une réalité. Les tout-petits n’y échappent pas. Si les sociétés savantes de pédiatrie ont depuis longtemps émis des recommandations pour limiter leur exposition au numérique, des médecins des services de la Protection maternelle et infantile (PMI) en région parisienne sonnent l’alarme. Selon eux, l’exposition massive à la télévision, aux tablettes et autres smartphones provoque des dégâts considérables sur le développement des jeunes enfants.
« Au cours de 15 dernières années, nous avons observé une explosion des signalements de retards de développement chez les enfants de moins de 4 ans », indique le Dr Anne-Lise Ducanda, médecin de PMI à Grigny dans l’Essonne. « Pour les cas les plus graves, cela se manifeste par des symptômes qui ressemblent à des troubles autistiques, sans en être réellement. » Des petits de 2 ans qui ne répondent pas à leur prénom, des enfants qui restent dans leur bulle, un comportement obsessionnel et se jette sur le smartphone de leurs parents…
Après avoir interrogé les parents, le dénominateur commun est devenu évident pour cette professionnelle de terrain : « une forte exposition aux écrans, souvent jusqu’à 12h par jour ». La télévision allumée en permanence alors que le petit de 15 mois joue dans le salon, la tablette pour s’endormir, le portable pour calmer… « Et les parents ne pensent pas mal faire », souligne le Dr Ducanda. « Nombre d’entre eux estiment même qu’il est bénéfique de préparer les enfants au monde d’aujourd’hui, au numérique. » Or c’est là que l’erreur peut avoir de graves conséquences.
Des effets sur un cerveau en formation
« Le cerveau humain est immature à la naissance », rappelle le Pr Jean-Michel Pedespan, responsable de l’unité de neurologie pédiatrique du CHU de Bordeaux. C’est en interagissant avec son environnement, en 3 dimensions, et en utilisant les 5 sens, que les réseaux neuronaux se constituent. « Les connexions vont se faire de façon lente, par étapes successives, à condition que le processus de maturation se fasse convenablement ».
Or « une exposition précoce et répétitive de stimulation visuelle est susceptible d’envahir certains circuits neuronaux qui initialement étaient voués à d’autres fonctions », poursuit-il. « Le développement se fait de façon aberrante. » Ce qui risque, à terme, de « créer une réduction de l’espace cortical disponible ». Ainsi, « des expériences trop précoces, trop intenses et inadéquates aux besoins de l’enfant peuvent perturber cette mécanique neuronale extrêmement précise et génétiquement déterminée dans son organisation qui est très subtile », ajoute-t-il.
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