Perte d'audition : un handicap associé à un risque de démence
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Le Syndicat national des audioprothésistes (UNSAF) a organisé une conférence de presse : les personnes atteintes de troubles de l'audition auraient plus de risques de souffrir de démence. Il demande une réforme de la prise en charge des prothèses auditives, justifiant que cette dépense "sera moins coûteuse que celle allouée aux personnes atteintes de démence". Mais les troubles auditifs ne sont pas un facteur causal de la démence, seulement un éventuel facteur aggravant.
En France, 6 millions de personnes sont malentendantes, dont deux tiers des plus de 65 ans. Plusieurs études menées sur le sujet dressent le même constat : contrairement aux personnes dites "normo-entendantes", celles atteintes de surdité légère, modérée ou sévère sont plus susceptibles de souffrir de démence passé 65 ans. Non pas que la perte auditive soit une cause en elle-même, mais probablement un facteur aggravant.
Une nouvelle étude épidémiologique menée à partir des données de la cohorte Paquid par un laboratoire de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à Bordeaux et publiée dans la revue américaine Journals of Gerontology, mesure l’association entre la perte d’audition et la dépression, la démence, la dépendance et la mortalité chez les personnes âgées. Les résultats attestent d’un risque accrut de démence (+22%) chez les personnes présentant des troubles de l’audition et non appareillées, ainsi que de dépendance (+33%) et de dépression, notamment chez les hommes (+43%). Aucun lien n’a cependant été établi entre les troubles de l’audition et la mortalité.
Le dépistage contre l'isolement social
En somme, un "déclin accéléré" des capacités cognitives a été observé chez les personnes qui auraient besoin d’un appareil auditif mais qui n’en portent pas. A l’inverse, les personnes entendantes ou appareillées auraient moins de risques de souffrir de démence, dépendance ou dépression. Pour établir ce constat, les chercheurs ont suivi 3 577 habitants de Gironde et Dordogne âgés de 65 ans ou plus, pendant 25 ans (de 1989 à 2015). "Nous soupçonnions la perte d'audition chez les personnes âgées de jouer un rôle dans l'isolement social, la dépression, l'invalidité, une qualité de vie et le risque de démence", écrivent les auteurs.
Selon les scientifiques, ne pas porter de prothèse auditive nuit à la santé : "cela accroît le risque au long cours de présenter une démence ou une dépendance, et, chez les hommes, une dépression, estime la neuropsychologue Hélène Amieva, coordinatrice de l’étude. Donc il est utile de dépister et de traiter la perte d’audition, même si on peut considérer que c’est quelque chose de normal, avec l’âge, d’entendre moins bien".
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