Hypersexualité, jeu, boulimie : les effets secondaires surprenants de traitements contre Parkinson
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Certains traitements contre la maladie de Parkinson peuvent faire perdre le contrôle de ses impulsions : sexe, jeu ou encore achats compulsifs apparaissent ainsi chez 51,5% des malades prenant un des deux types de médicaments les plus utilisés, selon une étude française.
Addiction aux jeux, achats compulsifs, boulimie ou encore hypersexualité… Si les traitements contre la maladie de Parkinson sont essentiels et souvent efficaces, certains peuvent générer des troubles importants du contrôle des impulsions, d'après une nouvelle étude française publiée dans Neurology. Les agonistes dopamineriques, un des deux types de traitements les plus utilisés, entraînent ainsi ces troubles chez 51,5% des patients qui en prennent... Un chiffre largement supérieur à ce qui était estimé jusqu'alors ! Ces effets secondaires, aux conséquences potentiellement désastreuses sur la santé et la vie sociale et financière des malades, doivent être surveillés et peuvent justifier un arrêt de traitement.
PARKINSON. Affectant environ 150.000 patients en France, la maladie de Parkinson est une pathologie neurodégénérative due à une perte de neurones sécrétant la dopamine, un neurotransmetteur impliqué dans le mouvement et la motivation. Les principaux symptômes sont moteurs : tremblement, lenteur et raideur. Deux types de traitements existent : la L-dopa, un précurseur naturel de la dopamine – ce qui signifie qu'il se convertit en dopamine dans l'organisme - et les agonistes dopaminergiques (AD), des médicaments synthétiques qui miment l'action de la dopamine.
51,5% des patients sous AD ont développé des troubles du contrôle des impulsions, contre 12% pour les autres
Un lien avait déjà été établi entre la prise des AD et la survenue de troubles du contrôle des impulsions (TCI), mais personne n'avait encore montré si cette relation dépendait de la dose de médicament administrée. Ces nouveaux travaux, réalisés par des médecins et chercheurs de l'hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris), Sorbonne Université et de l'Inserm, prouvent que tel est bien le cas. 411 patients diagnostiqués de la maladie de Parkinson, dont 87% avaient pris un AD au moins une fois, ont ainsi été suivis pendant 5 ans. A la fin de l'étude, 51,5% des patients sous AD avaient développé des TCI, contre seulement 12% des patients qui n'en prenaient pas. Un chiffre que l'on pensait très inférieur, puisque les études précédentes l'estimaient plutôt à 15-20%. En revanche, aucun lien n'a été constaté entre la prise de L-dopa (l'autre type de traitement) et le développement de TCI.
"Notre étude suggère que les troubles du contrôle des impulsions sont plus fréquents chez les personnes qui prennent des agonistes dopaminergiques", explique dans un communiqué Jean-Christophe Corvol, de la Pitié-Salpétrière (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), qui a conduit cette étude. (...)